L'album idéal
- Georgevitch-Miloch
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L'album idéal
Georgevitch-Miloch revient pour un tout nouveau sujet ! Et cette fois, il m'est assez important... Vous en jugerez...
Voilà. Depuis pas mal de temps, je lis et consulte toutes les critiques que vous faites par rapport aux nouveaux albums (et je n'ai aucune vision négative sur ces critiques, vous avez le droit de les poster !) et je me dis qu'au final, les derniers albums en date n'ont pas été "à la hauteur" de vos attentes... Je ne cesse de me poser la question suivante : "qu'est-ce que pourrait être LE livre idéal pour un repreneur Blake et Mortimer, selon les membres du Centaur Club ?"
Je m'explique : le but ici n'est pas de donner le titre des différents albums de reprise qui se rapprochent le plus de la manière Jacobs (ou alors, si vous voulez donner des exemples, ce n'est pas de refus) mais de dire ce que vous attendez d'un véritable (et éventuellement prochain) album de reprise Blake et Mortimer, de façon concrète.
Ou alors, je pose ma question différemment :
Que manquait-il aux albums de reprise B&M jugés (pour la plupart) ratés pour qu'ils soient dignes de Jacobs ?
Nous ramenant ainsi à la question : Qu'est-ce qu'un album de reprise digne de l'auteur initial ?
Je ne sais pas si j'ai été très clair... Si vous voulez d'autres explications, n'hésitez pas !
En l'attente de vos réponses
A bientôt !
Miloch
Re: L'album idéal
Un bon scénario, principalement.Georgevitch-Miloch a écrit :..../...
Que manquait-il aux albums de reprise B&M jugés (pour la plupart) ratés pour qu'ils soient dignes de Jacobs ?
..../...
Je ne vais pas cracher sur toutes les reprise, bien sur.
L'affaire Francis Blake, la machination Voronov, l'étrange rendez-vous, les serment des cinq lords, par exemple ne sont pas si mauvais que cela.
Mais il manque la touche fantastique, science fiction que l'on trouvait dans les aventures de Blake et Mortimer ( à l'exception de l'affaire du collier ).
Parfois il manque même le coté aventure.
Parfois nos héros sont de simples spectateur comme dans le Testament de William S.
Re: L'album idéal
Côté dessin, c'est entendu : de nombreux dessinateurs ont réussi à obtenir un résultat satisfaisant, que ce soit Benoît, Sterne, Aubin ou bientôt Van Dongen et Berserik. Leur mimétisme n'est pas confondant car le dessin reste une activité profondément humaine, mais il se rapproche suffisamment du modèle pour entretenir l'illusion. Mention spéciale pour Benoît, peut-être pas le plus proche de Jacobs (qui serait plutôt Aubin ou Van Dongen / Berserik à mon sens) mais dont la démarche est particulièrement admirable puisqu'il a poussé l'émulation jusqu'à reproduire les imperfections et certains maniérismes de Jacobs. Apparu dans les années 80, la Ligne Claire est un concept qui repose sur un malentendu - en ceci que les modèles sur lesquels il s'appuie ne l'ont jamais pratiqué à 100%. Jamais en son temps Jacobs n'a fait de la ligne claire pure, même pas dans la Grande Pyramide où il s'autorisait pas mal d'ombres - pour la bonne raison qu'elle n'avait pas encore été définie dans les termes établis par Swarte, Floc'h et consorts (y compris Benoît !). Je me rappelle d'un article des Cahiers de la Bd qui épiloguait sur les avants-bras velus de Septimus pour arriver à la même conclusion... Parler de ligne claire pour Jacobs ou même Hergé, c'est anachronique ; ces derniers n'étaient pas guidés par un sens esthétique mais par des questions de lisibilité, et par la qualité aléatoire des techniques d'impression de l'époque. Les nouvelles mises en couleur de B&M en aplats purs des années 80 contribuent à entretenir ce malentendu, sans parler des innombrables produits dérivés. Je suis donc redevable à Benoît d'avoir cherché à émuler Jacobs jusque dans ses aspérités. Cela marque une étape cohérente dans le parcours de Benoît puisque dans sa période post-B&M (et en particulier son retour à Ray Banana), il délaissera d'ailleurs un peu plus la ligne claire pour revenir à un style plus instinctif, proche du croquis... Rappelant là l'éclectisme d'une carrière qu'il démarra dans des styles parfois proche de Crumb ou Mœbius. Jacobs lui-même s'était affranchi de sa proto ligne claire et je ne détesterais par lire un album dessiné dans le style de sa période Sato.
Mais je digresse et je m'éloigne de ce qui à mon sens constituerait un album de reprise non pas idéal, mais tout à fait appréciable. Le dessin peut être émulé, l'histoire c'est plus compliqué. Et c'est à mon avis l'enjeu principal d'un bon album de reprise : le scénario. Donnez-moi une bonne histoire et je pardonnerai toutes les libertés prises avec le canon, de toute façon fort aléatoire. Je me fiche qu'une nouvelle histoire s'inscrive dans une chronologie établie postérieurement, dans une période donnée, qu'elle fasse référence ou non à des albums précédents - je souhaite juste qu'elle soit distrayante et bien conçue. Apparemment ce n'est pas si évident à faire, et ça ne concerne pas que B&M mais la bande dessinée en général ; les scénarios intéressants de bout en bout sont aussi rares que des cheveux sur une boule de bowling. Et je n'ai pas de solution à ça. Actuellement j'apprécie la version de Spirou dessinée par Émile Bravo ; celui-ci a situé ses histoires avant celles de Franquin et ainsi évite toute comparaison malencontreuse tant le ton est différent. Il n'a pas besoin de s'affranchir de Rob Vel ou Jijé, dont les histoires faites de divertissement pur n'offraient que peu de repères. Il évite l'écueil rencontré par Yann et Schwartz en évacuant tout référentiel et ainsi peut raconter une histoire neuve et pertinente. Son dessin n'est pas spectaculaire mais sert admirablement son propos, qui est riche est précis. Il raconte une histoire neuve en s'appuyant juste ce qu'il faut sur un personnage iconique. De mon point de vue, il y a bien longtemps que Spirou n'avait pas été aussi intéressant. Il y a sans doute des leçons à tirer pour les repreneurs de B&M ; peut-être faudrait-il un auteur seul, dessin et scénario, avec une vision assez forte pour l'imposer à un éditeur. Sans doute son trait serait moins fidèle à celui de Jacobs, et après... Si l'histoire est bonne. Peut-être aurait-il plutôt intérêt à dessiner sa propre série. Peut-être était-ce l'ambition de Benoît avec Résurrection, nous ne le saurons jamais. L'album de Schuiten s'inscrira peut-être dans cette optique.
Pour résumer, je dirais qu'un repreneur doit bien connaître l’œuvre originale pour mieux s'en affranchir par la suite, et en créer une qui lui soit propre. Pour trahir ? Et pourquoi pas... Reproduire l’œuvre aimée est une démarche vouée à l'échec : le contexte, le lectorat ne sont plus les mêmes. Basée sur des critères subjectifs, la nostalgie est rarement bonne conseillère. Accumuler les références comme un apothicaire est vain. Mais renouveler le plaisir de lecture, ça c'est jouable et souhaitable
Re: L'album idéal
Je ne sais pas si tu as oublié Juillard à dessin euh a dessein.Roberto a écrit :..../...
Côté dessin, c'est entendu : de nombreux dessinateurs ont réussi à obtenir un résultat satisfaisant, que ce soit Benoît, Sterne, Aubin ou bientôt Van Dongen et Berserik...../...
Pour le reste, je suis entièrement d'accord avec toi y compris et peut être même surtout sur l'histoire des références. C'est mal barré avec l'aventure qui se prépare à Hong Kong.
Wait and see , comme ils disent.
Re: L'album idéal
Quand j'ai rien de gentil à dire, je préfère me taire Mais j'aurais pu évoquer Juillard notamment à propos de la ligne claire, qu'il ne pratique pour ainsi dire pas ; il fait du Juillard. Je peux mettre ça à son créditarchibald a écrit :Je ne sais pas si tu as oublié Juillard à dessin euh a dessein.
J'ai pas non plus évoqué Chantal De Spiegeleer qui a fait une belle performance dans les circonstances éprouvantes que l'on sait, et ne saurait donc être évaluée selon les mêmes critères que les autres repreneurs. Ni Étienne Schréder dont nous n'avons pas encore pu apprécier le travail en solo et qui n'a pu jusqu'ici travailler que dans l'urgence. Mention spéciale cependant pour Madeleine De Mille, dont les couleurs (plus proches de celles des EO, moins froides que celles de Biermé) habillent agréablement la série. Et dieu sait que dans Blake & Mortimer, la couleur compte !
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Re: L'album idéal
Vous tombez dans le verbiage prétentieux et sans intéret, peut-être avez-vous fait le tour de la question ou de vos compétences
Re: L'album idéal
(Nota bene : je ne suis jamais intervenu sur les sujets relatifs aux armes)
- Georgevitch-Miloch
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Re: L'album idéal
Comme le ton a monté de nouveau , sans doute un peu à cause de moi, car je n'aurais pas dû faire remarquer à Roberto qu'il n'avait pas cité Juillard, je tiens de nouveau à préciser qu'il n'y a pas de pensée unique sur ce forum où chacun peut s'exprimer librement, qu'il apprécie ou non le travail des repreneurs.
Essayons de rester courtois.
- Georgevitch-Miloch
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Re: L'album idéal
Re: L'album idéal
Nous sommes au Centaur Club, pas dans un pub de Whitechapel. Essayons d'étendre un peu la métaphore...
Bien à vous.
Re: L'album idéal
L'album que j'aurais envie de lire serait d'abord une bonne histoire, rythmée et surprenante.
Avec une ambiance marquée (liée à une saison ?), une relative unité de lieu (sans le passage devenu obligé par Londres et le Centaur Club). Je verrais bien une aventure au Canada, en Australie, ou même au pays de Galles.
Des décors soignés, précis et reconnaissables, des personnages bien typés.
En fait je ne souhaiterais pas un album fait "à la manière de", mais plutôt un album où les auteurs feraient revivre BetM en gardant une bonne part de leur style propre.
- Georgevitch-Miloch
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Re: L'album idéal
Personnellement, si je comprends le point de vue d'Archibald, je ne le partage pas tout à fait. Après tout la "touche fantastique, science fiction", n'a rien d'obligatoire, pas plus même, allons jusque là le "côté aventure". Ce qui est intéressant à mon goût c'est justement que les repreneurs quels qu'ils soient opèrent des variations et nous proposent des formes inattendues à l'intérieur de la série. D'ailleurs, plusieurs des albums des repreneurs plongent sans réserve dans les domaines du fantastique et/ou de la science fiction évoqués par archibald, comme par exemple L'étrange rendez-vous, dans un certaine mesure le dytique du Sixième continent, sans parler de la trop décriée Onde de Septimus que j'aime pour ma part beaucoup, malgré les critiques dont il a fait l'objet.archibald a écrit :Un bon scénario, principalement.Georgevitch-Miloch a écrit :..../...
Que manquait-il aux albums de reprise B&M jugés (pour la plupart) ratés pour qu'ils soient dignes de Jacobs ?
..../...
Je ne vais pas cracher sur toutes les reprise, bien sur.
L'affaire Francis Blake, la machination Voronov, l'étrange rendez-vous, les serment des cinq lords, par exemple ne sont pas si mauvais que cela.
Mais il manque la touche fantastique, science fiction que l'on trouvait dans les aventures de Blake et Mortimer ( à l'exception de l'affaire du collier ).
Parfois il manque même le coté aventure.
Parfois nos héros sont de simples spectateur comme dans le Testament de William S.
Sauf le dytique grec de la malédiction des trente deniers qui m'est toujours tombé des mains mais dont le dessin est admirable, je trouve que les reprises quels qu'en soient les auteurs sont loin d'être unanimement mauvaises. Certaines sont vraiment excellentes, L'affaire Francis Blake, La machination Voronov, L'étrange rendez-vous, Le serment des cinq lords, pour ne citer que les albums mentionnés par archibald.
Je suis peut-être moins attaché que certains d'entre nous à ce que faute de mieux j'appellerai "l'orthodoxie" jacobsienne, si bien que je suis beaucoup moins réticent envers les nouvelles publications, prêt à accepter des types de scénarios inattendus, de sorte que même un album comme Le Testament de William S où en effet les deux héros sont souvent spectateurs ne me gêne pas et à vrai dire m'a beaucoup plu justement par cela entre autres.
En tout cas, quel que soit l'avis des uns et des autres, le sujet qui nous est proposé là par Georgevitch-Miloch est très intéressant.