Re: L'Onde Septimus : Les critiques
Posté : 30 déc. 2013, 00:25
Une critique personnelle de l'album (dans laquelle j'évite de reprendre des éléments souvent énoncés ici et avec lesquels je suis d'accord, notamment sur la qualité du dessin d'Aubin gâchée par les directives éditoriales) :
Globalement, un album moyen, qui ne se distingue pas vraiment du niveau des derniers publiés depuis Le Sanctuaire du Gondwana (si l'on excepte la catastrophique Malédiction des Trente Deniers). L'ambition de Dufaux était louable mais il fallait être à la hauteur, à la fois de la reprise massive d'éléments de La Marque jaune et de ses idées foisonnantes : or il ne l'a été que par intermittences. On referme l'album en se posant beaucoup de questions, et elles sont trop nombreuses à résister aux relectures (pour les lecteurs les plus courageux).
Le premier tiers du scénario était particulièrement encourageant, grâce notamment à son efficacité (environ 2 planches pour une scène, présentation rapide des personnages et de l'intrigue). On retrouve enfin une dramatisation et un expressionnisme dignes des albums de Jacobs, bien soutenus par les couleurs de Laurence Croix (la sidération d'Olrik planche 4, le foudroiement du forcené planche 9, l'apparition de Septimus planche 11, le nouveau foudroiement planche 16). Ce rythme est brisé par la brillante scène d'hypnose d'Olrik et son prolongement (5 planches), puis par la scène de l'hôpital (pas moins de 7 planches). Et surtout, la mécanique du scénario s'enraye peu à peu, prise au piège notamment de ses lacunes (volontaires ?) et du flou qui entoure l'onde Mega (on peut même parler d'incohérence, voir ce sujet). Offrant de superbes scènes oniriques (la reprise des "passes magnétiques" brièvement inaugurées par Septimus dans La Marque jaune - planche 50 - est à cet égard une riche idée), Dufaux pèche cruellement dans le traitement de l'intrigue scientifique (là où Van Hamme avait excellé dans L'Etrange Rendez-Vous). Heureusement, l'album sera encore scandé par des scènes mémorables, mais qui ne suffisent pas à sauver l'ensemble (l'apparition d'Orpheus planche 38, la confrontation avec le scaphandrier planche 40, la horde de Septimus sous la pluie battante, et dans une moindre mesure dans l'opéra).
La scène de l'hypnose est d'autant plus décevante qu'on s'attend, avec le superbe sursaut d'Olrik (lorsqu'il assomme Tuog), à un formidable rebondissement de l'intrigue : après l'avoir vu démarrer plus bas que terre, drogué et sidéré au point de susciter une certaine empathie, je voyais le colonel retrouver enfin son panache et son autonomie, s'engager dans une aventure individuelle dont il a le secret, et donner une nouvelle envergure au récit... D'autant plus que Dufaux nous avait promis le retour de la splendeur du personnage, perdue dans les dernières reprises. Las ! Le voilà rattrapé quelques vignettes plus tard, pour finalement reprendre ses vieux habits de Guinea Pig, mais sans ceux de la Marque jaune : plus loser, tu meurs ! Certes, il est la clé du dénouement, mais dans un rôle qui est au fond tout à fait subalterne : il n'est guère plus qu'un pantin de Mortimer, qui lui sauve la vie... avant de le contraindre (gentiment) à la risquer ! L'épilogue est des plus pathétiques puisqu'il retourne à l'état de larve auquel il était réduit à la fin du Mystère de la Grande Pyramide. Pourquoi ne pas l'avoir laissé s'évaporer mystérieusement ? Au passage, cela aurait permis de sauver la cohérence chronologique interne à la série (cf. ce sujet). C'est d'autant plus dommage qu'après l'abandon (heureux) des révélations sur son passé suite aux desiderata d'Aubin, Dufaux avait dressé (malgré lui ?) un portrait d'Olrik qui, jouant avec le mystère qui l'entoure, le mettait d'autant mieux en relief (Blake qui se plaint de ne pas retrouver ses traces planche 6 ; un dialogue bien senti avec Kim Ku-Dum planche 21).
Notons également que la scène de l'hypnose coïncide avec la brusque disparition des rares personnages prometteurs de l'album, à savoir Lilly Sing et ses acolytes.
Quelques éléments de détail :
- Les récitatifs inégaux de Dufaux, bien sentis par endroits mais trop souvent lourds et répétitifs (cf. la figure de style consistant à préciser dans une nouvelle phrase les derniers termes de la précédente). Certains dialogues sont par ailleurs démesurément stylisés (planche 5).
- Personne ne reconnaît Septimus dans la rue alors que sa photo a été présentée dans les journaux, comme l'indique Nasir (planche 17, vignette 7) : étrange, non ?
- Est-il bien sérieux que Dufaux ne transmette son scénario que par bribes successives à son dessinateur, comme Aubin l'a indiqué dans Casemate au moment d'expliquer pourquoi il n'avait pas situé la grotte d'Orpheus assez bas par rapport à ce qu'exigerait le bon sens ?
Globalement, un album moyen, qui ne se distingue pas vraiment du niveau des derniers publiés depuis Le Sanctuaire du Gondwana (si l'on excepte la catastrophique Malédiction des Trente Deniers). L'ambition de Dufaux était louable mais il fallait être à la hauteur, à la fois de la reprise massive d'éléments de La Marque jaune et de ses idées foisonnantes : or il ne l'a été que par intermittences. On referme l'album en se posant beaucoup de questions, et elles sont trop nombreuses à résister aux relectures (pour les lecteurs les plus courageux).
Le premier tiers du scénario était particulièrement encourageant, grâce notamment à son efficacité (environ 2 planches pour une scène, présentation rapide des personnages et de l'intrigue). On retrouve enfin une dramatisation et un expressionnisme dignes des albums de Jacobs, bien soutenus par les couleurs de Laurence Croix (la sidération d'Olrik planche 4, le foudroiement du forcené planche 9, l'apparition de Septimus planche 11, le nouveau foudroiement planche 16). Ce rythme est brisé par la brillante scène d'hypnose d'Olrik et son prolongement (5 planches), puis par la scène de l'hôpital (pas moins de 7 planches). Et surtout, la mécanique du scénario s'enraye peu à peu, prise au piège notamment de ses lacunes (volontaires ?) et du flou qui entoure l'onde Mega (on peut même parler d'incohérence, voir ce sujet). Offrant de superbes scènes oniriques (la reprise des "passes magnétiques" brièvement inaugurées par Septimus dans La Marque jaune - planche 50 - est à cet égard une riche idée), Dufaux pèche cruellement dans le traitement de l'intrigue scientifique (là où Van Hamme avait excellé dans L'Etrange Rendez-Vous). Heureusement, l'album sera encore scandé par des scènes mémorables, mais qui ne suffisent pas à sauver l'ensemble (l'apparition d'Orpheus planche 38, la confrontation avec le scaphandrier planche 40, la horde de Septimus sous la pluie battante, et dans une moindre mesure dans l'opéra).
La scène de l'hypnose est d'autant plus décevante qu'on s'attend, avec le superbe sursaut d'Olrik (lorsqu'il assomme Tuog), à un formidable rebondissement de l'intrigue : après l'avoir vu démarrer plus bas que terre, drogué et sidéré au point de susciter une certaine empathie, je voyais le colonel retrouver enfin son panache et son autonomie, s'engager dans une aventure individuelle dont il a le secret, et donner une nouvelle envergure au récit... D'autant plus que Dufaux nous avait promis le retour de la splendeur du personnage, perdue dans les dernières reprises. Las ! Le voilà rattrapé quelques vignettes plus tard, pour finalement reprendre ses vieux habits de Guinea Pig, mais sans ceux de la Marque jaune : plus loser, tu meurs ! Certes, il est la clé du dénouement, mais dans un rôle qui est au fond tout à fait subalterne : il n'est guère plus qu'un pantin de Mortimer, qui lui sauve la vie... avant de le contraindre (gentiment) à la risquer ! L'épilogue est des plus pathétiques puisqu'il retourne à l'état de larve auquel il était réduit à la fin du Mystère de la Grande Pyramide. Pourquoi ne pas l'avoir laissé s'évaporer mystérieusement ? Au passage, cela aurait permis de sauver la cohérence chronologique interne à la série (cf. ce sujet). C'est d'autant plus dommage qu'après l'abandon (heureux) des révélations sur son passé suite aux desiderata d'Aubin, Dufaux avait dressé (malgré lui ?) un portrait d'Olrik qui, jouant avec le mystère qui l'entoure, le mettait d'autant mieux en relief (Blake qui se plaint de ne pas retrouver ses traces planche 6 ; un dialogue bien senti avec Kim Ku-Dum planche 21).
Notons également que la scène de l'hypnose coïncide avec la brusque disparition des rares personnages prometteurs de l'album, à savoir Lilly Sing et ses acolytes.
Quelques éléments de détail :
- Les récitatifs inégaux de Dufaux, bien sentis par endroits mais trop souvent lourds et répétitifs (cf. la figure de style consistant à préciser dans une nouvelle phrase les derniers termes de la précédente). Certains dialogues sont par ailleurs démesurément stylisés (planche 5).
- Personne ne reconnaît Septimus dans la rue alors que sa photo a été présentée dans les journaux, comme l'indique Nasir (planche 17, vignette 7) : étrange, non ?
- Est-il bien sérieux que Dufaux ne transmette son scénario que par bribes successives à son dessinateur, comme Aubin l'a indiqué dans Casemate au moment d'expliquer pourquoi il n'avait pas situé la grotte d'Orpheus assez bas par rapport à ce qu'exigerait le bon sens ?