ericauger91 a écrit :bonsoir à tous, comme beaucoup j'ai acheté l'immanquable pour suivre la prépublication du "baton de plutarque" je trouve le dessin de julliard très précis bien qu'un peu "raide" par rapport aux précédent album, mais ne boudons pas notre plaisir
Je comprends que vous vous réjouissiez de la parution prochaine d'un nouveau Blake et Mortimer. J'avoue toutefois que j'ai un peu de mal à vous suivre dans l'intégralité de votre appréciation au sujet du dessin de Juillard et de la précision que vous lui attribuez.
Tout dépend bien sûr ce que vous entendez par "précis".
S'agit-il simplement du trait ? Certes, le trait de Juillard a une acuité indéniable, à laquelle vous associez à juste titre me semble-t-il la notion de raideur. Cette raideur pourrait être considérée comme un élément stylistique, une sorte de marque personnelle, ce qui est vrai dans une certaine mesure, quoique vous observiez "par rapport aux précédents albums", ce sur quoi je suis également d'accord avec vous. On pourrait justement la considérer ici comme une maladresse plutôt qu'un style, et une difficulté à s'investir dans cet album, ce qui se traduit par un manque de vie. Or, vous le savez, la marque spécifique de la série, telle que Jacobs l'a fondée, est justement une élégance vivante des personnages. Jacobs allait, comme cela a souvent été dit, jusque à exécuter les gestes de ses personnages devant un miroir et il existe des photos, au moins une, le montrant dans une telle attitude. Les personnages sont au contraire souvent figés dans le BdP et nous avons quelquefois pu observer des positions corporelles et des gestes assez déconcertants et peu crédibles.
Mais le trait peut-il suffire à définir son dessin comme précis ? Nous avons aussi souvent constaté des approximations et des simplifications abusives dont Juillard ne donne qu'une seule et unique justification dans Casemate : une nonchalance qui va jusque à la paresse dans certains cas, aveu qui va à l'encontre des ambitions par ailleurs affichées par les auteurs de se montrer soucieux de réalisme. or, si vous consultez la rubrique intitulée
Prépublication - vos commentaires, vous découvririez que nous avons, les uns et les autres décelé quantité de simplifications abusives, que rien ne saurait expliquer, des fautes surprenantes (par exemple le revolver Nagant brandi par Olrik dont on s'aperçoit qu'il n'est pas dessiné correctement en le comparant à une photographie de cette arme), des contradictions entre le paysage d'une case et celui d'une autre à propos d'un même lieu (je pense aux chemins qui longent la cabane de Mortimer à Betchley Park et au déplacement des carrefours et des arbres). Ce ne sont que de menus exemples parmi quantité d'autres détails plus ou moins flagrants, qui invitent à nuancer fortement l'idée de précision appliquée au travail de Juillard. Je vous invite à parcourir le sujet
Prépublication - vos commentaires, afin de les découvrir et à vous pencher sur les strips au fur et à mesure de leur publication en allant ici :
http://tin-7.soforums.com/t717-Strips-L ... m?start=75
Vous verrez que beaucoup d'entre nous ont décelé des fautes importantes et surtout, en très grand nombre, en trop grand nombre pour que le lecteur attentif puisse se satisfaire du travail de Juillard.
Quant au couleurs, traitées sur les indications de Juillard par une coloriste ce que Casemate en révèle est plutôt navrant : platitude, absence de nuances, laideur parfois de certains à plats. Il suffit de comparer le résultat avec les couleurs de Jacobs, par exemple dans
S.O.S. Météores. Certes, ce n'est pas le dessin en tant que réalisation graphique, mais l'album étant prévu évidemment comme une unité di trait et de la couleur, c'est aussi à ce résultat que nous serons confrontés à la publication. Or, la couleur fait aussi partie de la précision et Juillard ne semble pas le moins du monde dérangé par ce que nous découvrons dans Casemate. Il a donc sa part de responsabilité en tant que dessinateur dans ce qu'il accepte et valide. La couleur c'est aussi le dessin car comme le disait justement le philosophe de l'esthétique Henri Focillon : "Les formes se signifient elles-mêmes". Posons-nous donc la question : que signifient des formes aussi raides, négligées en de nombreuses occasions et traitées avec autant de désinvolture, si ce n'est de mauvais goû,t dans leur incarnation chromatique ?