Dans l'absolu je suis d'accord avec Shamelord et je me suis exprimé assez souvent à ce sujet à propos du BdP pour ne pas le faire à nouveau.
Dans le cas particulier, il est cependant vrai que j'ai apprécié le double prologue remontant vers la jeunesse des personnages et les circonstances imaginées de leur rencontre, surtout en comparaison avec l'amont à la série que prétend constituer le BdP. Pour cette raison qu'il y avait une tension dramatique, un récit, une construction habile de remontée vers le passé selon deux temps situés en Inde, avec ensuite une redescende vers le présent de la temporalité où l'histoire des sarcophages est censée se situer. Cela de surcroît n'avait rien de parodique. On était donc de ce point de vue aux antipodes de ce qui se passe avec le BdP.
Je reconnais cependant bien volontiers, Shamelord, que c'était une situation limite dans la mesure où les auteurs s'autorisaient à inventer un passé pour l'attribuer à des personnages qu'ils 'bavaient pas créés. Je conçois tout à fait qu'on puisse le leur reprocher, en soi, indépendamment de la question de la qualité narrative. Pourtant, dans cet album là, le fait en m'a pas choqué. La raison en est que reprendre une série sans jamais s'autoriser une liberté d'invention quelconque, revient à servir un culte et se contenter de reproduire ce qui existait déjà, ce dont l'utilité à mon sens n'est plus que formelle et perd tout autre sens. Au pire on pourrait même en arriver à une sorte d'intégrisme narratif. Ce qui pose d'ailleurs la question souvent soulevée : fallait-il continuer la série ?
Il me semble, qu'on apprécie ou non l'invention de la jeunesse indienne, que celle-ci n'a pas du tout le même sens que ce qui a lieu dans le BdP. Ce que les auteurs inventent alors n'affecte pas l'ensemble de la série en prétendant lui donner LE socle fondateur et, paradoxalement, bien qu'ils imaginent la rencontre des deux héros, cela n'affecte pas l'oeuvre entière et n'apparaît au fond que dans le cadre d'une péripétie au sein de cette histoire là. Tout au contraire, dans le BdP, il s'agit prétendument de poser la pierre angulaire de toute l'oeuvre à venir et de surcroît d'une manière si consternante à tout point de vue, comme on n'a cessé de le voir depuis le début, que forcément cet album ne peut que peser de manière incontournable, hélas, sur la série entière. La faute est infiniment plus grave à mes yeux. Et il me semble qu'au sens strict du mot mythe le BdP attaque bien davantage celui-ci que ne le faisait le prologue indien.
Mais je reconnais volontiers que cela pose problème et puisse être matière à discussion, et de toute façon ce prologue indien constitue à vrai dire la seule chose qui m'ait intéressé dans le diptyque des sarcophages, le reste ne m'ayant guère convaincu ni intéressé.